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Bonjour tout le monde et bienvenue sur cette deuxième vidéo de la série sur le livre système 1 système 2. Ici Lucien ROY. Si vous n’avez pas vu la première, je vous conseille d’aller la voir dès maintenant, vous comprendrez d’autant mieux cette vidéo.
Dans cette partie consacrée au grand biais cognitifs, nous verrons que nous sommes mauvais en statistiques, que nous sommes influençables et qu’on peut être très égoïste lorsqu’il s’agit d’aider une personne en détresse au milieu d’une foule. Cependant, ne désespérez pas, nous allons à chaque fois nous pencher sur des moyens de combattre ces biais. C’est parti !
Premièrement, voyons ce que Kahneman appel :
La loi des petits nombres
Cette partie ne nous mène pas à des actions concrètes mais elle est importante simplement pour notre jugement.
Si je vous dis qu’aux états unis, les régions les moins touchées par le cancer du rein sont les régions rurales peu peuplées. Qu’en déduisez-vous ? Surement que le mode de vie sain de la campagne permet d’éviter le cancer. En l’occurrence, cette statistique est vrai mais pas sa justification car aux états unis, les régions ou l’on recense le plus de cancer du rein sont aussi des régions rurales et peu peuplées. Là encore on imagine assez bien une justification plausible. C’est la pauvreté des campagnes qui engendre ce nombre de cancers.
En réalité, les deux justifications se contredisent et sont fausse toutes les deux. En fait, la vrai raison de ces statistiques et simplement mathématique. Les échantillons les plus petits sont moins fiables que les grands. Si dans une région où habite 100 personnes une famille de 7 est prédisposée à avoir le cancer et qu’ils l’ont tous en même temps, ça fait déjà 7% de la population qui a le cancer. A l’inverse, si cette famille déménage à new York ils ne représenteront même pas 1% de la population. La justification de ces chiffres est donc purement statistique.
Mais alors pourquoi voyons-nous des causes là où il n’y en a pas ? C’est vers le système 1 qu’il faut se tourner. Il nous aide à rendre le monde cohérent en trouvant des causes évidentes des évènements dus au hasard. C’est exactement le cas pour le nombre de cancer.
Passons au biais suivant :
Les ancres
Imaginez une expérience avec deux groupes de personnes : à un des groupe on demande :
-Le plus grand séquoia géant du monde fait-il plus ou moins de 400 mètres ? puis : Quelle est la taille du plus grand séquoia du monde ?
A l’autre groupe on demande :
– Le plus grand séquoia géant du monde fait-il plus ou moins de 80 mètres ? puis : Quelle est la taille du plus grand séquoia du monde ?
La seule différence dans ces questions est le nombre de mètres proposés au début par l’expérimentateur. Et bien figurez-vous que les moyennes de taille estimée des deux groupes sont très différentes : le premier groupe estimait à 278 mètres et l’autre à 93 mètres la taille du plus grand séquoia. La différence est de 185 mètres. Et on constate le même type de différence en posant d’autres questions. La seule explication de cette différence est que le chiffre proposé au début influence la réponse finale. C’est pour cela qu’on parle d’ancre car on a du mal à s’éloigner du chiffres initial en se disant inconsciemment qu’il ne doit pas être trop éloigné de la réalité.
Bon, cette expérience est bien belle, mais en quoi l’effet d’ancrage nous impacte-t-il ?
-Lors de la négociation d’un prix, le premier prix constitue l’ancrage et il sera difficile de vous en éloigner, c’est vrai pour les maisons comme pour un bibelot dans un bazar.
-Voyons maintenant son impact dans la vie publique : prenons l’exemple des dédommagements suite à la blessure d’un client par le produit d’une entreprise. Dans certains cas, ces dédommagements étaient très élevés, les entreprises ont donc fait pression pour mettre un plafond à cette indemnité. Vous avez certainement vu l’effet d’ancrage ici. En effet, les indemnités ne pourront pas dépasser le plafond pour les préjudices les plus graves. Par contre, pour tous les autres, les indemnités risquent d’être tirées vers le haut à cause du plafond. Les juges auront en tête 1 million d’euros par exemple donc au lieu de dédommager à hauteur de 1000€ pour un dommage faible, le dédommagement pourrait s’élever à 10000€ rien qu’à cause du plafond.
Maintenant, comment résister à l’effet d’ancrage ? Kahneman nous propose deux solutions :
1- Vous quittez la négociation en faisant un scandale
2- Pour être plus délicat, vous pouvez réfléchir à des arguments qui contredisent l’ancre qu’on vous a imposé. Cela permet de réduire voire faire disparaitre l’effet d’ancrage. Par exemple, demandez-vous : pourquoi le prix qu’on me propose est absurde ?
Je tiens à attirer votre vigilance sur un point, le simple fait de repérer un ancrage ne vous soustrait pas de son emprise alors trouvez un contre argument avant de crier victoire.
Vous nous trouvez déjà bien influençable ? Et bien enfonçons le clou avec le :
Biais de disponibilité
Cette fois c’est la capacité de notre cerveau à faire des statistique qui est en cause. Si je vous demande le pourcentage de chance que vous avez de vous cracher la prochaine fois que vous prendrez l’avion, vous l’évaluerez beaucoup plus élevé s’il y a eu un récent krach dramatique que s’il n’y en a pas eu depuis des années. C’est pour ça que Kahneman parle de disponibilité. Tout ce qui nous vient facilement à l’esprit nous parait plus probable ou plus fréquent que le reste. Je vous passe les détails des différentes expériences.
Passons tout de suite aux deux impacts de ce biais
1- Commençons par les couples et posons à ses deux membres la question suivante : Quelle part du travail ménager réalisez-vous en pourcentage ? Si on additionne les pourcentages de chacun, en théorie, on devrait trouver 100%. Et bien à chaque fois, le résultat dépasse 100%. En fait, les deux membres du couple se rappellent leurs efforts individuels avec beaucoup plus de clarté que les efforts de l’autre. Et c’est à cause de cette clarté plus forte pour nos efforts que nous en surestimons la fréquence.
2- Il en est de même pour le travail en équipe ou chacun peut avoir l’impression de faire plus que sa part du travail et avoir l’impression que les autres ne reconnaissent pas assez son travail
Il est très difficile de lutter contre ce biais mais gardez le bien en tête pour prendre du recul sur vos éventuelles disputes en couple ou en groupe de travail. Parfois, le simple fait de demander aux différents membres d’écrire sur un papier leur contribution au travail en pourcentage puis de les additionner et de partager le résultat au groupe peut suffire pour désamorcer d’éventuelles tensions. De cette manière tout le monde se rend compte que chacun surestime sa contribution personnelle.
Problème dans la rue
Ce que je vais vous dire est très dure à admettre. A vrai dire, j’ai eu du mal à le croire la première fois que j’ai lu ce livre. Parce que oui, j’avais commencé ce livre et arrêté environ au milieu avant d’avoir l’idée de le résumer en vidéo. Donc je l’ai recommencé avec vous il y a deux semaines.
Donc voici l’expérience qui m’a surpris : 6 participants sont dans des cabines séparées et vont tour à tour se raconter leurs problèmes d’adaptation à New-York par l’intermédiaire d’un micro. A chaque fois, un seul micro est allumé, celui de la personne qui exprime ses problèmes. Le secret est qu’un des 6 cobaye est de mèche avec les scientifiques. Quand c’est son tour de parler il évoque des crises d’angoisses sévères qu’il lui arrive d’avoir et en simule une en direct. Il feinte de s’étouffer en appelant à l’aide parce qu’il va mourir.
A votre avis, qu’on fait les 5 autres participants alors que le 6ème était visiblement en train d’agoniser ?
Eh bien, sur les 3 groupes donc 15 personnes testées seule 4 personnes ont immédiatement réagi à l’appel au secours. Tous les autres sont restés sans rien faire. Vous êtes surement aussi surpris que moi par ces résultats et la raison évoquée par Kahneman est que les gens savaient qu’ils n’étaient pas seuls à pouvoir réagir ils se sont donc déchargé de la responsabilité de porter secours à la personne en détresse.
Si vous n’êtes toujours pas convaincu du résultat de l’expérience, vous êtes comme moi il y a 2 mois. Mais depuis, un évènement m’a prouvé les dires de Kahneman.
J’arrive à mon arrêt de bus habituel, bondé. Il y a des personnes de tous les âges, du collégien au quarantenaire bien avancé. Je vois quelques lycéens qui se bousculent, rien d’anormal a priori. Mais en restant un peu à attendre le bus, je me rend compte que 3 lycéens sont en train d’en insulter et d’en bousculer un autre qui est tout seul et sans défense. Là, malaise intérieur, je ne sais pas quoi faire. Je me rappelle alors deux biais cognitifs du livre système un système 2.
1- La preuve sociale. C’est-à-dire que dans une foule, tout le monde observe le comportement des autres avant d’agir pour savoir ce qu’il est normal de faire socialement. Dans ce cas, tout le monde se regarde et constate que personne ne fait rien. Alors il est légitime socialement de ne pas intervenir, donc je n’interviens pas.
2- Le biais dont on parlait tout de suite est lui aussi à l’œuvre. Personne ne culpabilise de ne pas agir parce que tout le monde se dit que quelqu’un d’autre va agir. La responsabilité est diluée.
Les deux combinés, tout le monde était paralysé à l’arrêt de bus. J’ai moi-même eu beaucoup de mal à agir, j’étais très mal à l’aise. Le bus est arrivé, j’ai rapidement séparé les deux camps en escortant le garçon dans le bus. Rien d’héroïque à cela, j’étais déboussolé.
Dans le bus, je suis rentré dans les derniers et j’ai remarqué que personne ne portait la moindre attention au petit gars qui pleurait. Je me suis assis près de lui pour discuter et le consoler. Je ne vous raconte pas la suite, passons aux conclusions de cette expérience.
1- Je comprends maintenant tout à fait les résultats de l’expérience évoquée par Kahneman. J’espère que vous aussi.
2- Comment agir dans de telles situation et comment rompre l’ignorance des gens si vous avez un problème ?
-Si vous vous retrouvez face à une situation comme ça ne faites pas partie de ces gens paralysés, agissez. Attention je ne dis pas de mettre votre vie en danger. Vous pouvez bien sûr demander de l’aide aux personnes pétrifiées à côté de vous.
-Si vous êtes victime dans une telle situation, adressez-vous spécifiquement à une personne pour qu’elle vous vienne en aide. A ce moment-là, la responsabilité ne sera plus diluée et cette personne s’en voudra a vie de ne pas avoir agi. Par exemple dites : « monsieur avec le pull rouge, là ( en le montrant du doigt) aidez-moi ».
Voilà, nous en avons fini avec cette vidéo sur les biais cognitifs. Nous en avons évoqué 4 : la loi des petits nombres, les ancres, le biais de disponibilité et enfin le problème des gens pétrifiés dans la rue.
Bien sûr, Kahneman en présente d’autres mais la vidéo est déjà longue, je ne voulais pas prendre trop de votre temps.
Si vous cherchez un pavé à lire, procurez-vous système1-système 2.
N’hésitez pas à me faire parvenir vos remarques en commentaire.
Bye
Consultez la première partie du livre !