Septembre s’installe, et avec lui, un air de rentrée qui souffle bien au-delà des salles de classe. Pour les entrepreneurs, cette période est souvent celle des bilans et des nouvelles feuilles de route. C’est un moment charnière où il est primordial de disposer de repères fiables pour naviguer dans un environnement économique en perpétuelle mutation.
C’est précisément la mission du « Baromètre Entreprendre », dont l’édition 2025 vient de livrer ses conclusions. Loin d’être une simple collection de statistiques, cette grande enquête annuelle est un véritable sismographe de l’économie réelle.
Cette année encore, le baromètre a pris le pouls de milliers de créateurs, de dirigeants de TPE et de PME sur l’ensemble du territoire. Il a sondé leurs ambitions, leurs craintes, leurs stratégies et leur confiance en l’avenir. Alors, quel est le visage de l’entrepreneuriat français en 2025 ?
Entre la quête de sens, l’intégration de l’intelligence artificielle et le retour des tensions sur le financement, le portrait est complexe et passionnant. Il nous révèle les défis actuels mais aussi, et surtout, les formidables leviers de croissance pour ceux qui sauront en déchiffrer les signaux.
Le baromètre Entreprendre 2025 en un coup d’œil : 5 chiffres à retenir
Pour saisir l’essentiel des enseignements de cette nouvelle édition, voici cinq indicateurs clés qui dessinent le paysage entrepreneurial de l’année. Chaque chiffre raconte une histoire, celle d’une transformation profonde du désir et de la pratique de l’entrepreneuriat.
- 68 % des nouveaux entrepreneurs placent l’impact comme motivation principale. C’est le chiffre le plus marquant de cette édition. La simple recherche du profit n’est plus le moteur dominant. La majorité des créateurs d’aujourd’hui aspirent à avoir un impact positif, qu’il soit social, environnemental ou local. Cette quête de sens redéfinit la notion même de réussite et oriente les nouveaux projets vers des modèles plus durables et responsables.
- L’accès au financement redevient le frein numéro 1, cité par 52 % des porteurs de projet. Après plusieurs années d’argent plus accessible, le contexte de taux d’intérêt plus élevés et de prudence accrue des investisseurs se fait sentir. La difficulté à boucler son premier tour de table ou à obtenir un prêt bancaire est de nouveau la principale source d’inquiétude, surpassant même la complexité administrative.
- 35 % des dirigeants de PME ont déjà intégré une solution d’IA dans leur activité. L’intelligence artificielle n’est plus un sujet réservé aux start-up technologiques. Le baromètre montre une adoption rapide et pragmatique au sein du tissu économique traditionnel. Il ne s’agit pas de révolutions disruptives, mais d’outils concrets utilisés pour optimiser le marketing, automatiser des tâches administratives ou améliorer le service client, générant ainsi de précieux gains de productivité.
- 4 créateurs d’entreprise sur 10 sont des femmes, un niveau record. La dynamique de l’entrepreneuriat féminin se confirme et s’accélère. Ce chiffre historique de 40 % témoigne d’une levée progressive de certains freins et d’une volonté affirmée des femmes de prendre leur destin professionnel en main. Ces projets sont souvent marqués par une forte innovation dans les services et une approche collaborative du management.
- La reconversion professionnelle motive 45 % des lancements d’activité. L’entrepreneuriat n’est plus seulement une vocation précoce, c’est devenu une seconde étape de carrière privilégiée. Près d’un créateur sur deux est un ancien salarié qui met à profit son expérience et son réseau pour lancer un projet plus aligné avec ses aspirations personnelles, confirmant la fluidité croissante des parcours professionnels.
Au-delà des chiffres : les grandes tendances qui animent les entrepreneurs
Derrière ces statistiques se cachent des évolutions de fond qui redessinent l’acte d’entreprendre. L’analyse qualitative du baromètre révèle trois grands mouvements qui traversent l’écosystème et qui sont essentiels à comprendre pour tout dirigeant.
La première tendance est sans conteste la généralisation de l’entreprise à impact. Le chiffre de 68 % n’est que la partie émergée de l’iceberg. Ce qui était une niche il y a encore quelques années est devenu le courant principal. Les entrepreneurs de 2025 ne se demandent plus « si » ils doivent intégrer des préoccupations sociales ou environnementales, mais « comment » le faire au cœur de leur modèle économique. Cela se traduit par une explosion des entreprises de l’économie sociale et solidaire, mais aussi par une transformation des entreprises dites « classiques ». Elles cherchent désormais à obtenir des labels comme B Corp, à mettre en place des circuits courts, à favoriser l’inclusion ou à mesurer leur empreinte carbone. Cette lame de fond influence les attentes des clients, des talents et même des investisseurs, qui intègrent de plus en plus les critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) dans leurs décisions.
La deuxième lame de fond est celle de l’intelligence artificielle pragmatique. Le baromètre montre que les PME françaises ont dépassé le stade de la curiosité pour entrer dans une phase d’appropriation concrète. Loin des fantasmes de remplacement de l’humain, les dirigeants utilisent l’IA comme un levier pour augmenter leurs capacités. Un artisan l’utilisera pour générer des descriptions de produits pour son site de vente en ligne, un cabinet de conseil pour synthétiser des rapports, une TPE pour optimiser ses campagnes publicitaires sur les réseaux sociaux. L’enjeu pour ces entreprises n’est plus de comprendre ce qu’est l’IA, mais de former leurs équipes et d’intégrer ces outils de manière fluide dans leurs processus de travail pour rester compétitives.
Enfin, la troisième tendance est une forme de maturité face à l’incertitude. Les entrepreneurs interrogés montrent une lucidité nouvelle. Les crises successives (sanitaire, géopolitique, énergétique) ont agi comme un accélérateur d’apprentissage. Le baromètre révèle une obsession pour la gestion de la trésorerie et la diversification des sources de revenus. Les dirigeants sont moins dans la recherche de l’hypercroissance à tout prix que dans la construction de modèles d’affaires résilients, capables d’absorber les chocs. Cette approche plus prudente et plus ancrée dans la rentabilité est une rupture avec l’état d’esprit de certaines années précédentes.
Les freins persistent : les défis de l’entrepreneur moderne
Si l’enthousiasme pour l’entrepreneuriat ne se dément pas, le parcours reste semé d’embûches. Le baromètre 2025 met en lumière plusieurs défis majeurs qui préoccupent les dirigeants au quotidien.
Le retour en force de la difficulté d’accès au financement est le principal enseignement. Obtenir des fonds est devenu un processus plus long, plus exigeant. Les banques demandent des dossiers plus solides et des apports personnels plus conséquents. Les investisseurs en capital-risque, de leur côté, privilégient la rentabilité à court terme plutôt que le potentiel de croissance à long terme. Pour les porteurs de projet, cela signifie qu’il faut un business plan irréprochable et qu’il est indispensable d’explorer des financements alternatifs comme les prêts d’honneur, le financement participatif ou les aides publiques, qui deviennent encore plus stratégiques.
La complexité administrative, bien qu’elle ne soit plus le frein numéro un, reste une source de charge mentale considérable. La mise en place du Guichet Unique pour les formalités d’entreprise, qui devait tout simplifier, connaît encore des ratés et peut se transformer en parcours du combattant pour des cas un peu spécifiques. La gestion de l’URSSAF, la complexité du bulletin de paie ou encore les changements constants de réglementation demandent un temps et une énergie que les entrepreneurs préféreraient consacrer à leur cœur de métier.
Enfin, le baromètre fait émerger une préoccupation de plus en plus forte pour la santé mentale des dirigeants. La solitude, le stress, la pression constante et le risque de burn-out sont des sujets qui ne sont plus tabous. Les entrepreneurs expriment un besoin croissant d’accompagnement sur ces aspects humains, de faire partie de réseaux de pairs pour échanger et de trouver un meilleur équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle. C’est un défi de taille pour l’écosystème d’accompagnement, qui doit aussi évoluer pour répondre à ces nouveaux besoins.
Comment utiliser ce baromètre pour piloter son entreprise ?
Un baromètre n’est pas un document à lire et à ranger dans un tiroir. C’est un outil de pilotage stratégique qui, bien utilisé, peut donner un avantage concurrentiel décisif. Voici comment vous pouvez, très concrètement, vous en servir.
Premièrement, confrontez votre projet aux grandes tendances. Votre offre répond-elle à cette quête de sens ? Avez-vous une stratégie claire sur l’intégration des préoccupations environnementales ? Avez-vous identifié des outils d’IA qui pourraient vous faire gagner en productivité ? Se poser ces questions permet de s’assurer que son entreprise est en phase avec les évolutions du marché et les attentes de la société.
Deuxièmement, ajustez votre business plan et votre discours financier. Sachant que l’accès au financement est plus difficile, votre prévisionnel financier doit être encore plus rigoureux et prudent. Mettez en avant votre chemin vers la rentabilité et votre gestion saine de la trésorerie. Lorsque vous vous adressez à un banquier ou un investisseur, montrez que vous avez conscience du contexte en vous appuyant sur les chiffres du baromètre. Cela renforcera votre crédibilité.
Troisièmement, orientez votre stratégie de communication et de recrutement. Le baromètre vous donne des clés pour comprendre ce qui motive vos futurs clients et vos futurs collaborateurs. Mettre en avant l’impact positif de votre entreprise n’est plus un simple argument marketing, c’est un élément central pour attirer les talents et fidéliser une clientèle qui partage vos valeurs.
Enfin, anticipez les risques. En lisant que vos pairs s’inquiètent de tel ou tel sujet, vous pouvez vous interroger sur votre propre vulnérabilité. Suis-je trop dépendant d’un seul fournisseur ? Ma trésorerie est-elle suffisante pour faire face à un imprévu ? Utiliser le baromètre comme un outil de gestion des risques permet de prendre des mesures préventives avant qu’il ne soit trop tard.
Vos questions fréquentes
Qu’est-ce que le Baromètre Entreprendre ?
Il s’agit d’une grande enquête annuelle qui mesure l’état d’esprit, les intentions, les motivations et les freins des créateurs d’entreprise et des dirigeants de TPE/PME en France. C’est un outil de référence pour comprendre les tendances de fond de l’écosystème entrepreneurial.
À qui s’adresse principalement ce baromètre ?
Il est utile à plusieurs publics : les porteurs de projet pour affiner leur stratégie, les dirigeants en activité pour se comparer et anticiper, les investisseurs pour comprendre le contexte, et les pouvoirs publics pour orienter les politiques d’accompagnement.
Le climat est-il favorable pour entreprendre en 2025 ?
Le climat est contrasté. L’envie d’entreprendre reste très forte, portée par une quête de sens et l’émergence de nouveaux outils comme l’IA. Cependant, le contexte économique rend l’accès au financement plus difficile, ce qui demande aux entrepreneurs d’être plus rigoureux et résilients.
Quel est le plus grand défi pour un entrepreneur cette année ?
Selon le baromètre, le défi principal est double : sécuriser son financement dans un contexte plus tendu, tout en construisant un modèle d’entreprise qui ait un impact positif, car c’est devenu une attente forte des clients, des salariés et de la société en général.
Où peut-on consulter les résultats détaillés du baromètre ?
Les résultats complets et les analyses approfondies sont généralement publiés par les grands organismes qui soutiennent l’entrepreneuriat. Il faut se tourner vers les sites de Bpifrance Le Lab, des Chambres de Commerce et d’Industrie (CCI) ou des observatoires spécialisés pour accéder à l’étude détaillée.